Le résumé.Je lui dois une dette. Une énorme dette. Je ne peux pas la lui rembourser en argent ni en faveurs. Il ne veut qu’une chose. Moi. Pour chaque action, je reçois une récompense. Un bouton. Une fois que j’aurai rempli sa jarre de trois cent soixante-cinq boutons, il me laissera partir. Il me laissera m’en aller. Mais je dois gagner les boutons un à un. En me soumettant à l’homme le plus sombre, le plus cruel, et le plus séduisant que je n’ai jamais rencontré. |
Mon Avis
Mettons les choses au clair. Moi et la Dark, ça doit faire au moins 25. Que voulez-vous je suis une grande sensible. J’ai une capacité d’empathie exacerbée, vous imaginez bien que de me mettre à la place d’une pauvre fille qui se fait martyriser ça m’angoisse complètement. Mais bon… je me suis dit « ma fille, faut pas mourir idiote, t’es dans ton lit tu risques rien, lis ! ». Débarrassons-nous de la forme d’abord. J’ai relevé des coquilles et ce que je pense être quelques erreurs de traduction, mais n’exagérons rien, ça ne gêne pas la lecture.
Le fond. Pearl fait quand même partie de ses gens qui n’ont pas de chance ! Après avoir été abandonnée par ses parents (qui n’étaient pas des gens biens, on est d’accord), elle se retrouve à vivre avec une espèce de mec un peu bizarre qui visiblement préfère ses bouteilles de bière et le jeu à sa femme. Pourtant, c’est une jeune femme instruite, ingénieur, qui a l’air de disposer de tous ses moyens intellectuels. On sent la carence affective chez elle et c’est assez bien expliqué par l’auteur qui nous fait comprendre que « faute de mieux » elle se raccroche à ce type. Pearl préfère être mal accompagnée que seule. Chose qu’on peut comprendre aisément à cause du traumatisme de l’abandon.
Sauf que cet immonde salopard pour éponger une dette de jeu va la revendre à des trafiquants d’être humain. Pearl est jolie, américaine, instruite, elle va faire un tabac dans la salle des enchères. Mais elle a un côté battant. Et elle tire parti de chaque situation pour essayer de se sauver. Et c’est là que j’ai un peu tiqué. Pearl qui est relativement introvertie, calme, voire, effacée sur les premiers chapitres du livre, se transforme en mini-Rambo quand un des membres d’équipage décide de la violer. Soit. Sous le coup du stress on peut en faire des choses.
Pearl finit quand même après une vente aux enchères d’anthologie chez le psychopathe du quartier. Alors, mention spéciale à monsieur Bones (je ne vous explique pas d’où lui vient ce charmant surnom, je vous laisse la joie de la découverte…) qui dans la catégorie méchant frappa-dingue complètement déjanté et affreux vilain pas beau ; rafle tous les prix. Et là, je décerne un bon point à l’auteur. Pearl sait que la situation n’est pas normale. Et c’est à souligner tout le long de ces deux tomes, Pearl sait parfaitement que tous les hommes qui abusent d’elle sont des malades mentaux. Pearl n’oublie jamais qu’elle est un être humain avec des droits, même si ceux qui la font souffrir, le lui déni. Pearl est consciente de son statut de femme de ses faiblesses et de ses forces aussi. Mais Pearl ne tombe jamais dans un syndrome de Stockholm complètement dingue du style « il est monstrueux, mais qu’est ce qu’il est beau ». Non, Pearl est niée, annihilée, mais elle n’oublie pas qui elle est. Elle va faire des choix terribles pour survivre, des choix qu’on peut lui contester, d’autres se seraient pendus avec un drap ou laissés mourir d’une façon ou d’une autre, mais Pearl n’oublie jamais sa condition d’être humain. Elle est l’incarnation du « tant qu’il y a de la vie il y a de l’espoir ».
Je vais oser un parallèle que quelques-uns d’entre vous me reprocheront certainement, mais je n’ai pas pu m’empêcher de faire le rapprochement avec l’histoire vraie de la petite Natacha Kampuch. Cette jeune femme expliquait que tout le long de sa détention, elle n’avait jamais oublié qui elle était, qu’elle avait le droit à la liberté, à la vie. Dans le même temps, et cela lui a été reproché, elle a fait ce qu’il fallait pour survivre. Oui, elle a donné à son bourreau ce qu’il voulait. Oui, elle a couché avec lui. Mais elle avait un objectif : survivre. C’est ce que va faire Pearl. Et là, c’est un très beau travail d’auteur. Car quand on est comme moi, que l’on n’aime pas lire des textes noirs on se retrouve quand même à serrer les dents et à penser « vas -y bats toi, lâche rien, t’as du négocier sur un truc pour ne pas mourir parce que tu veux t’en sortir, pas grave remonte sur le ring ma fille, je suis la derrière toi lâche rien ».
Rentre en scène Crow. De bien des manières, il est l’alter ego de Pearl. Il y a une sorte d’effet miroir entre les deux. Il a SA conception de l’honneur. Elle peut paraître étrange, moi elle m’a parlée. Il admire le côté rationnel, la structuration intellectuelle de Pearl. Ensemble, ils vont passer un étrange marché où il est question de boutons et de services rendus. Je vous laisse découvrir…
Pour tout vous dire, j’attends impatiemment le tome 3 parce que je suis vraiment curieuse de savoir comment l’auteur va nous dénouer le fil. J’espère qu’on ne tombera pas dans les écueils pathétiques qu’elle a si brillamment évités jusque là, c’est-à-dire la mièvrerie, les paillettes, la guimauve, les sentiments faciles, les situations irréelles...
En conclusion, si vous êtes des « Dark loveuse » intégrales, je ne suis pas sûre que ces livres soient faits pour vous. On n’entre pas du tout dans le cas d’un « classique » syndrome de Stockholm avec une femme limite décérébrée. Par contre, si vous avez aimé « le choix de Sophie »… il se peut que vous appréciiez ce livre qui fait la part belle et au sexe et au questionnement.
Et vous, jusqu’où iriez-vous pour sauver votre peau ?
Gaia